RICH - IMILCHIL (1)

24èm jour (Vendredi 2 mai) :  

Départ de l'hôtel à 8h30 après être passé à la banque changer un peu d'argent en prévision des jours prochains. En sortant de l'hôtel, je croise un homme transportant sa femme atteinte d'elephantiasis dans une sorte de carriole. C'est une des pires maladies qui soit atteignant les jambes qui gonflent à tel point qu'elles ressemblent à une patte d'éléphant d'où son nom. Evidemment dans de telles circonstances on ne pense pas sortir l'appareil photo (à moins de travailler pour un magazine à sensations) et on se contente de donner une petite pièce. J'avoue que ça m'a bien retourné car même en Inde je n'avais jamais vu un stade aussi avancé de la maladie.

Pour rejoindre Imilchil, il faut prendre un minibus (30 Dr). N'ayant pas pris le soin de réserver la veille je n'ai pas vraiment le choix de la place et me retrouve confiné à l'arrière (mais côté fenêtre heureusement). On m'annonce un départ pour 9h mais il me faut patienter une heure, installé à la gargotte d'à côté en buvant un thé.

Ça me donne le temps d'observer les tables en plastique blanc mais noir de crasse, ce qui ne semble pas gêner la clientèle ni le patron qui pourrait y remédier avec une simple éponge et de l'eau savonneuse. Le genre de petit détail qui me rappelle que je suis bien loin de la France, pourtant si proche.

Départ à 10h. Une heure plus tard on s'arrête rapidement à Amougher. A 12h15 on est à Outerbate et arrivons à Imilchil à 13h15.

Voyage plus court que je le pensais, heureusement car assez inconfortable, coincé dans mon petit coin, le sac sur les genoux (sac qui pèse son poids car j'y mets toutes mes affaires de valeurs et celles qui me sont indispensables). Ajouté à ça une odeur prononcée, mélange de bouc, de maroual et de vomi (probablement le passager qui s'est vu remettre une poche en plastique!).

Les paysages traversés sont beaux, la route (bonne dans l'ensemble), longeant une étroite vallée cultivée au pied de montagnes très arides aux nombreuses variantes de couleurs correspondant aux différentes couches de strates. On traverse aussi quelques villages perdus aux maisons de pisé qui se confondent dans le paysage.

J'arrive à prendre quelques jolies photos, pouvant ouvrir la fenêtre (car il n'y a rien de pire que de prendre une photo derrière une fenêtre à cause des reflets) et parviens même à prendre des gens, le minibus représentant un intéressant moyen de camouflage.

Imilchil est situé sur un plateau, à plus de 2 200 m d'altitude, balayé par les vents. Le climat est donc assez rude, même en été. C'est une région propice aux randonnées.

Par contre, je suis descendu du minibus, simplement vêtu d'un pantalon de toile léger et d'un débardeur sans pour autant avoir froid malgré le fait que j'ai atteins l'étape la plus élevée du voyage (2200 m).

Une fois arrivé à Imilchil que je n'imaginais pas du tout comme ça, trouvant au premier abord le village très laid, je me dirige vers le gite d'étape de Zaid Ouchaoua, la première adresse conseillée par le guide du routard.

Deux chambres de cinq lits sombres, un salon très sombre aussi, le tout étant vraiment sommaire. Evidemment point de wifi. Mais la nuit ne coûte que 50 Dr (150 en demi pension).

Je reste un moment dans la chambre à travailler sur la tablette, le ciel étant très chargé en nuages.

Vers 15h je m'en vais visiter le village. Ma première impression se confirme, Imilchil est d'une laideur sans pareil. Il faut dire que d'importants travaux sont en cours Mais j'y prends quand même une photo d'une boucherie, ma préférée de la journée.

Je consulte mon portable qui m'indique qu'il est 16h,
ce qui me laisse juste assez de temps pour me rendre au lac Tislit situé à environ 4 km.

Alors que j'arrive à la sortie du village, j'arrête une voiture qui va sur Khenifra dans la direction du lac. Hammou, le chauffeur, me dépose au lac au départ d'une piste menant à un second lac, l'Isely, un poil plus joli parait il. Il me dit que je peux l'atteindre en moins d'une heure.

Je m'y dirige et arrête en cours de chemin, un autre véhicule, un 4x4 avec des touristes à son bord. Le guide me dit que j'ai encore plus de 10km à parcourir. J'avais déjà remarqué que les marocains ne connaissent pas l'échelle des distances.

Je renonce donc à m'y rendre car une fois arrivé au second lac, le problème du retour se poserait et je n'aurais plus de temps de revenir à Imilchil.

Avant de revenir sur mes pas, je grimpe quand même au sommet d'une petite montagne et découvre effectivement qu'il n'y a pas d'autre lac en vue mais découvre une belle vue plongeante sur le premier.

Il commence à pleuvoir un peu mais je n'ai pas froid bien que je sois toujours bras nus. Alors que j'arrive à peine au niveau de la route, un véhicule passe et me prend à son bord pour me ramener à Imilchil. Si c'est pas du bol çà (d'autant plus que la route entre Imilchil et le premier lac ne présente aucun intérêt et que rares sont les voitures qui y passent).

Du coup je suis de retour au gîte à 17h30 et termine de rédiger le texte de la journée.

Il est 18h quand je sors pour me rendre au complexe Collier d'Ambre, repéré tout à l'heure, un restaurant proposant une carte sympa dans un cadre plutôt agréable et ayant même le wifi (à première vue, le seul de la ville !) qui plus-est, est à deux pas du gîte.   http://imilchil-collier-dambre.com/

Mais je désenchante rapidement car je ne parviens pas à me connecter. Le contraire m'aurait quand même étonné. Je commande une soupe marocaine et un tajine au mouton pour 20h30, ce qui me laisse le temps de retourner me voir un film (enfin) au gîte. Un des avantages de ne pas avoir la Wifi.

Je retourne au restaurant avec ma tablette pour un nouvel essai wifi. Toujours sans succès (même le téléphone n'a pas de réseau, c'est dire!).

Bon dîner pour 55 Dr. Seul client, je ne tarde pas et suis déjà de retour au gite à 21h. Tous les touristes qui y avaient passé la nuit précédente sont partis et je me retrouve tout seul.

"La localité d'Imilchil est célèbre pour son festival, appelé le festival des fiançailles, traditionnellement "Souk Aam" ou "Agdoud N'Oulmghenni", une tradition du mariage collectif.

Au début de l'automne, Imilchil connaît une effervescence inhabituelle : plus de 20 000 Marocains y convergent pour le plus grand "moussem" (une foire) de l'année. Au-delà des échanges commerciaux, c'est le moment où les femmes peuvent profiter d'un moment d'une exceptionnelle liberté. C'est en effet à cette occasion que certaines d'entre elles ont le droit de choisir leur mari. Le moussem d'Imilchil est pour elles un moyen unique de sortir de l'enfermement des villages éloignés dans lesquels elles vivent, dans ces vallées perdues du Haut Atlas".

Un reportage de Patricia Micallef et Didier Maigret
Diffusé dans l'émission "Faut pas rêver" du 26 avril 2013

"L'histoire du moussem est inspirée d'évènements historiques authentiques de l'histoire des tribus berbères en perpétuelles guerres inter-tribales.

Selon la légende, une jeune fille Aït Yaaza aimait un beau Aït Ibrahim. Aït Ibrahim et Aït Yaaza étaient les deux fractions de la tribu des Aït Hadiddou, en guerre l’une contre l’autre. Ils connurent la même destinée tragique que Roméo et Juliette, mourir sans pouvoir s’aimer ni se marier.

La légende raconte que les larmes des deux amoureux donnèrent naissance aux lacs Isli (le fiancé) et Tislit (la fiancée).

Leurs parents repentis décidèrent qu’une fois par an leurs progénitures jeunes garçons et jeunes filles se choisiraient et se marieraient librement. Et depuis, existe cette coutume que l'on appelle "taqerfiyt" pendant laquelle un garçon peut côtoyer sa futur épouse, l'union du couple n'étant sujette à aucune opposition.

De nos jours, le moussem des fiançailles d'Imilchil est devenu une manifestation annuelle à vocation commerciale et touristique".

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